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Quand les datas mentent – Episode 290

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Les données sont partout. On les collecte, on les analyse, on les affiche fièrement dans des dashboards toujours plus fournis. Mais une question fondamentale reste trop peu posée : et si on regardait les mauvais chiffres ?

 

Dans cet épisode, on plonge dans l’envers du décor des KPIs, pour comprendre :

  • Pourquoi certains indicateurs vous donnent une fausse impression de performance

  • En quoi les métriques de vanité peuvent saboter votre stratégie

  • Comment ne pas se laisser piéger par des chiffres “positifs” qui masquent des signaux d’alerte

  • Quelle méthode appliquer pour choisir les bons KPIs, vraiment alignés avec vos objectifs business

  • Et comment exploiter ces indicateurs de manière régulière, utile et partagée

 

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Transcription de l’épisode

 

Introduction: Le paradoxe des données : abondance et confusion

Aujourd’hui, dans le monde du marketing, tout se mesure. Taux de clic, impressions, conversion, coût par lead, part de voix, reach organique, NPS… Les données s’accumulent, les tableaux de bord se multiplient, et les KPIs se retrouvent au cœur de toutes les prises de décision.

Mais derrière cette quête de performance chiffrée se cache un danger souvent sous-estimé : celui de mal choisir ses indicateurs. Parce qu’un KPI mal défini, mal interprété ou tout simplement mal aligné avec vos objectifs peut vous conduire à prendre de très mauvaises décisions. Plus insidieux encore, certains chiffres donnent une impression de succès… alors qu’ils masquent un problème stratégique profond.

Dans cet épisode, on va s’attaquer à un mal courant : la survalorisation de certaines métriques au détriment des véritables indicateurs de performance. On va parler des fameuses métriques de vanité, de la confusion entre données opérationnelles et insights stratégiques, mais aussi des biais cognitifs qui influencent la manière dont nous lisons les chiffres.

Et surtout, on va voir comment sortir de ce piège, en apprenant à choisir les bons KPIs — ceux qui vous aident à piloter vraiment votre stratégie, à prendre des décisions éclairées et à générer de la valeur concrète.

Alors, comment ne plus se faire piéger par les datas qui mentent ? C’est ce que je vous propose de décortiquer ensemble.

 

 

1. KPIs : définition, typologies et rôle stratégique

Dans l’univers du marketing, les KPIs – pour Key Performance Indicators – sont souvent brandis comme des boussoles incontestables. Pourtant, derrière cette appellation se cachent des réalités très différentes… et parfois mal comprises.

Un KPI, ce n’est pas simplement une donnée que l’on mesure. C’est un indicateur clé, c’est-à-dire une mesure sélectionnée avec soin pour refléter l’avancement vers un objectif précis. Là où une simple métrique peut décrire une situation (comme le nombre d’ouvertures d’un email), un KPI doit être lié à une ambition stratégique (par exemple, l’augmentation du taux de rétention client grâce à une meilleure communication).

Il est donc crucial de distinguer trois niveaux :

  • La donnée brute, qui est un fait mesurable (ex. : 2 500 visiteurs sur une page).
  • La métrique, qui organise la donnée (ex. : taux de conversion = 4 %).
  • Le KPI, qui donne du sens à la métrique en la connectant à un objectif (ex. : atteindre 6 % de conversion pour rentabiliser une campagne).

Autre distinction essentielle : celle entre KPIs stratégiques et KPIs opérationnels. Les premiers orientent les grandes décisions : coût d’acquisition, valeur vie client, taux de churn. Les seconds permettent de suivre l’exécution : taux d’ouverture, CTR, délai de réponse. Les deux sont utiles, mais ils ne jouent pas le même rôle.

L’erreur fréquente, c’est de survaloriser les KPIs opérationnels, parce qu’ils sont plus simples à suivre… même s’ils n’ont qu’un impact limité sur les résultats globaux. Comprendre ces typologies permet déjà d’éviter un grand nombre de pièges.

 

2. Le mirage des métriques de vanité

Les métriques de vanité sont les stars des dashboards. Faciles à suivre, souvent flatteuses, elles donnent l’impression que tout va bien… même quand ce n’est pas le cas. Leur principal défaut ? Elles séduisent l’ego, mais disent très peu sur la performance réelle de votre stratégie.

Prenons un exemple classique : le nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux. Avoir 50 000 followers peut impressionner, mais si l’engagement est faible, si ces abonnés ne correspondent pas à votre cible ou n’achètent jamais vos produits, cette métrique n’a aucune valeur business. Même chose pour le trafic sur un site web : 10 000 visites par mois, c’est impressionnant. Mais si le taux de rebond est de 90 % et que personne ne passe à l’action, ces chiffres deviennent creux.

Autre piège fréquent : le taux d’ouverture des emails. Il peut être élevé… sans que personne ne clique ou ne convertisse. Il donne alors une illusion d’efficacité, sans impact réel.

Ce qui rend ces métriques dangereuses, ce n’est pas leur existence — elles peuvent avoir leur utilité — mais la place qu’on leur accorde dans l’analyse. Quand elles deviennent des objectifs en soi, elles déforment la stratégie. Elles incitent à optimiser pour de la visibilité ou du volume, au lieu de se concentrer sur ce qui compte vraiment : l’engagement, la conversion, la fidélisation.

Un bon KPI ne doit pas seulement être mesurable. Il doit être actionnable, pertinent et connecté à la valeur. Les métriques de vanité échouent souvent sur ces trois critères. Mieux vaut s’en méfier, ou du moins, savoir les remettre à leur juste place.

 

3. Quand les “bons chiffres” racontent une fausse histoire

Même les bons indicateurs peuvent devenir trompeurs lorsqu’ils sont mal interprétés. Ce n’est pas une question de fiabilité des données, mais de contexte, de biais cognitif et de lecture stratégique.

Prenons le cas d’un taux de conversion élevé. À première vue, c’est un excellent signal. Pourtant, si ce chiffre concerne une audience ultra ciblée déjà convaincue, cela ne signifie pas que la campagne fonctionne globalement. Autre exemple : une hausse du panier moyen. Bonne nouvelle ? Pas forcément. Si cette hausse est due à la baisse du nombre de petits acheteurs, elle peut en réalité signaler un essoufflement du volume global.

Le cerveau humain a tendance à chercher ce qu’il veut voir. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation : on interprète les chiffres pour valider une intuition préexistante, quitte à ignorer les signaux d’alerte. C’est encore plus vrai quand la pression des résultats pousse à justifier ses choix.

Autre problème courant : l’absence de contexte. Un KPI seul n’a souvent aucun sens. Un taux de clic de 3 %, est-ce bien ? Cela dépend du secteur, de la cible, du canal, de la période… Sans point de comparaison (benchmark, historique, segmentation), le chiffre devient une coquille vide.

Enfin, attention aux corrélations trompeuses. Deux indicateurs peuvent évoluer dans le même sens sans avoir de lien de causalité. Croire le contraire peut vous conduire à prendre de mauvaises décisions.

Le bon réflexe consiste à croiser les indicateurs, à les confronter à des hypothèses précises et à chercher des causes, pas seulement des chiffres. Ce n’est qu’à ce prix que les données deviennent un véritable levier de stratégie.

 

4. Comment choisir les bons KPIs selon ses objectifs

Choisir les bons KPIs, c’est avant tout une question de méthode. Trop souvent, les entreprises sélectionnent leurs indicateurs en fonction de ce qui est disponible ou facile à mesurer… au lieu de partir de leurs objectifs stratégiques. Résultat : des tableaux de bord remplis de chiffres inutiles, et une vision floue de la performance réelle.

La première étape consiste à clarifier l’objectif business. Est-ce une croissance du chiffre d’affaires ? Une amélioration de la rentabilité ? Une réduction du churn ? Chaque objectif appelle des indicateurs spécifiques. Chercher à “tout suivre” est non seulement inefficace, mais contre-productif : cela dilue l’attention et complexifie la prise de décision.

Une fois l’objectif défini, il faut appliquer la règle des 3 filtres pour sélectionner les bons KPIs :

  1. Pertinence : Le KPI mesure-t-il un levier réel de performance ?
  2. Actionnabilité : Permet-il de prendre une décision concrète ou d’ajuster une action ?
  3. Contextualisation : Peut-on le comparer dans le temps, ou à un benchmark externe, pour en tirer un enseignement fiable ?

Prenons un exemple : une entreprise B2B qui souhaite améliorer la qualité de ses leads. Plutôt que de suivre le nombre brut de prospects générés, un bon KPI serait le taux de transformation des leads en opportunités commerciales qualifiées, en lien direct avec l’objectif.

Enfin, il est essentiel de limiter le nombre de KPIs à suivre. Une entreprise efficace travaille rarement avec plus de 5 à 7 indicateurs clés. C’est cette discipline dans le choix qui permet de garder un cap clair et de réellement piloter la performance.

 

5. Mieux exploiter ses KPIs au quotidien

Une fois les bons KPIs définis, encore faut-il savoir les utiliser correctement. Trop d’équipes marketing mettent en place des indicateurs pertinents, mais ne les exploitent qu’en surface, ou pire : les consultent de manière ponctuelle sans en tirer de véritables enseignements. Or, un KPI n’est utile que s’il est intégré dans un processus régulier d’analyse et de décision.

La première clé, c’est de créer un tableau de bord lisible et priorisé. Il ne s’agit pas d’un entrepôt de chiffres, mais d’un outil de pilotage. Chaque indicateur doit être relié à un objectif clair, affiché avec ses tendances dans le temps, et lisible en un coup d’œil. Un bon tableau de bord n’a pas besoin d’être complexe : il doit surtout être compris par toutes les parties prenantes.

Ensuite, il est crucial de structurer des rituels de revue. Une revue hebdomadaire des KPIs opérationnels permet de détecter rapidement des signaux faibles ou des anomalies. Une revue mensuelle ou trimestrielle des KPIs stratégiques permet, elle, de réajuster les grandes orientations. Ces moments d’analyse doivent être partagés, discutés, et déboucher sur des actions concrètes.

Autre bonne pratique : documenter l’évolution des indicateurs. Cela aide à comprendre les variations, à corriger les biais d’interprétation, et à mieux expliquer les décisions prises. Cette mémoire des données devient précieuse avec le temps.

Enfin, gardons en tête que les KPIs sont des outils, pas des objectifs en soi. Ils doivent servir la stratégie, pas la remplacer. Un bon usage des données, c’est une culture du questionnement, de l’analyse et de l’adaptation permanente.

 

Conclusion: Reprendre le pouvoir sur les chiffres

Les données sont devenues omniprésentes dans le marketing moderne. Elles nous permettent de mesurer, d’optimiser, de piloter. Mais elles peuvent aussi nous induire en erreur, surtout lorsqu’elles sont mal choisies ou mal interprétées. C’est tout l’enjeu de cet épisode : apprendre à faire la différence entre ce qui éclaire… et ce qui aveugle.

Nous avons vu que :

  • Un KPI n’est pas une simple donnée, mais un indicateur stratégique lié à un objectif clair.
  • Les métriques de vanité, aussi séduisantes soient-elles, ne disent souvent rien d’utile.
  • Même les bons chiffres peuvent raconter une fausse histoire sans contexte ni croisement d’analyse.
  • Le choix des KPIs doit partir de l’objectif business, passer par des filtres rigoureux, et rester limité pour rester lisible.
  • Leur exploitation au quotidien repose sur des rituels réguliers, une documentation claire et une lecture partagée.

En somme, il ne suffit pas de mesurer. Il faut savoir quoi mesurer, pourquoi, et comment en tirer des décisions. C’est à cette condition que les données cessent d’être des pièges pour devenir de vrais leviers de croissance.

👉 Et vous, quels KPIs suivez-vous vraiment ? Les avez-vous choisis pour leur pertinence ou pour leur disponibilité ? Je vous invite à faire le tri dans vos tableaux de bord, à questionner vos indicateurs et à les confronter à vos objectifs réels.

Et si cet épisode vous a donné matière à réflexion, n’hésitez pas à le partager, à en discuter avec votre équipe, et à me faire part de vos retours. Parce que ce sont les échanges qui font avancer nos pratiques.

 


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